Avec la crise économique, on nous annonce, pratiquement tous les jours, un retour de la philosophie marxiste et de son système qui, selon les promoteurs de la pensée unique n'a jamais été appliquée. Cela est méconnaître a un degré élevé le système de l'URSS et de la République Populaire de Chine (avant sa corruption par le système capitalistique mondial, il y a 30 ans).
Le système socialiste russe, né de la Révolution de 1917, a réalisé le programme de Marx car en effet, ce système mettait en oeuvre la collectivisation des terres, la propriété publique de la terre et des biens de productions, s'opposant de fait à la propriété privée, étant l'essence même du capitalisme. « L'heure de la société capitaliste a sonné. Les expropriateurs vont être à leur tour expropriés »(K. Marx, Le Capital, Livre I, 1867 [1883], p 312). Ces phrases ne rappellent-elles pas le massacre des koulaks, grands « expropriateurs » dans la société russe d'anciens régimes. N'est-ce pas un appel à la violence vis à vis des exploiteurs de tout poil puisque « Les ouvriers substituent leur dictature révolutionnaire à la dictature de la bourgeoisie » (K. Marx, Manifeste du Parti Communiste, 1873, p 181). Rien que par cette sentence, on peut très nettement distinguer le lien avec la révolution française, dont cette phrase peut nous faire penser à une autre celle de Saint Just : « Pas de liberté, pour les ennemis de la liberté ». Voilà le premier grand idéal marxiste appliqué en URSS et dans tous les pays du blocs, la collectivisation des terres, ne pouvant que s'accomplir de manière violente.
De plus, il y a un autre pivot important, voir essentiel de la pensée marxiste, qui fut également appliqué dans l'ex-bloc soviétique. En effet, le système capitaliste, le marché assure une coopération (certes, imparfaite) entre les différents acteurs du marché, que sont les individus, avec les allocations des moyens de production ou encore avec l'échange de biens. Alors que dans le système socialiste, cette coopération est remplacée par la planification centralisée ainsi que la coordination bureaucratique ; « le monopole de capital devient une entrave pour le mode de production qui a prospéré avec lui et grâce à lui » (le « lui » désignant ici le marché) ( K. Marx, Le Capital, Livre I, 1867 [1883], p 312). De plus, en supprimant l'initiative privée, il ne reste qu'un moyen pour que les gens appliquent les décisions gouvernementales, ce sont des règlements administratifs et donc un régime s'appuyant sur la contrainte. Le système socialiste ne peut donc fonctionner sans contrainte, sinon il s'écroulerait. Nous avons très bien vu cela avec l'URSS, dès que cette dernière a été affaiblie, elle a implosé, car « Le parti victorieux doit continuer à dominer avec la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires »(Engels, Manifeste du Parti Communiste,1873, p 184). La terreur appliqué par les khmers ou le KGB étaient donc concomitante du régime politique et de sa doctrine marxiste...
De plus, nous avons parlé au début de cette article, le retour du marxisme, du fait de la crise du capitalisme, mais il nous semble que le capitalisme n'est pas mort loin s'en faut, il traverse une crise, tout comme l'enfant avant de devenir un homme traverse une crise. De plus, « La loi qui toujours équilibre le progrès de l'accumulation [...] conduit à une accumulation de pauvreté, de souffrance, d'ignorance, d'abrutissement, de dégradation physique et morale, d'esclavage pour la classe qui produit le capital même » ( K. Marx, Le Capital, Livre I, 1867 [1883], p 297), or, en prenant les faits purs, statistiquement prouvé (par des indicateurs fiables et non sur des vagues impressions sentimentalistes), au contraire le niveau de vie de la classe ouvrière à considérablement augmenté depuis plus d'un siècle, car sinon cela ferait longtemps que les masses ouvrières se seraient révoltées contre le patronat et l'auraient renversé. Nous sommes toujours dans une société capitaliste, infirmant donc la thèse centrale de la paupérisation.
Comme on peut le constater, le marxisme est fondamentalement dictatoriale, désirant avant tout l'égalité entre tous, il laisse de côté la liberté car il y a une contradiction entre la liberté et l'égalité. L'un s'oppose à l'autre. Il ne peut y avoir d'égalité dans un pays où chaque individu est libre de s'émanciper puisque chacun est pourvu de talents et de désirs différents. Si chacun a la liberté de s'émanciper comme il le souhaite, il va nécessairement en résulter une inégalité dans la société, puisqu'untel aura su s'enrichir et non tel autre. Le marxisme sera donc le refus de la liberté et le nivellement de la liberté. Le marxisme comme le capitalisme, deux matérialismes déshumanisant fondamentalement l'homme, alors que seul les communautés locales agissant librement, sans contrainte peuvent rendre au « doux commerce » de Montesquieu, ces lettres de noblesses et éviter le désoeuvrement d'une société en perte de repère...
« Obsequium amicos, veritas odium parit. » (Térence, Andrienne, 68)