Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 15:28

 « - Je répète les mots : profonde estime, répondit Aglaé avec le même sérieux qu’auparavant, — parce que dans ces vers est représenté un homme capable d’avoir un idéal et de lui consacrer toute sa vie. Cela ne se rencontre pas si souvent à notre époque. Cette poésie ne nous dit pas en quoi consistait proprement l’idéal du « chevalier pauvre », mais on voit que c’était une image radieuse, « l’image d’une beauté pure », et que l’amoureux chevalier portait même, au lieu d’écharpe, un chapelet autour de son cou. À la vérité, il y a encore, là une devise obscure, énigmatique, les lettres A. N. B. qu’il avait tracées sur son écu…

 

- A. N. D., rectifia Kolia.

 

- Moi je dis A. N. B., et je veux dire ainsi, répliqua avec colère Aglaé, — en tout cas, une chose est claire, c’est que, quelle que fût sa dame, quoi qu’elle fit, peu importait à ce pauvre chevalier. Il l’avait choisie, il avait cru à sa « beauté pure », cela suffisait pour que désormais il ne cessât de s’incliner devant elle ; s’étant une fois déclaré son serviteur, il devait, fût-elle ensuite devenue une voleuse, croire en elle et rompre des lances pour sa beauté pure. Le poëte a voulu, semble-t-il, incarner dans un type extraordinaire la notion de l’amour platonique, telle que la concevaient les chevaliers du moyen-âge. Naturellement, tout cela est un idéal. Dans le « chevalier pauvre », ce sentiment est arrivé au plus haut degré, à l’ascétisme ; il faut avouer que la faculté d’aimer ainsi prouve beaucoup en faveur de celui qui la possède ; c’est un trait de caractère qui dénote une âme profonde, et, en un sens, est très louable. Le « chevalier pauvre », c’est Don Quichotte, mais un Don Quichotte sérieux et non comique. D’abord, je ne comprenais pas ce personnage et j’en faisais des gorges chaudes, mais maintenant j’aime le « chevalier pauvre », et, surtout, je respecte ses hauts faits. »1

 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/5/58/Dostoevskij_1872.jpg/250px-Dostoevskij_1872.jpgVoici des lignes éternelles qui reflètent bien la pensé d'un des plus grands écrivains russe, un des plus grands romanciers de l'âme slave, qui a donné de grandes lettres de noblesse à la littérature russe. Il s'agit bien évidemment de Fédor Dostoïevski, qui naquit il y a 190 ans aujourd'hui à Saint Pétersbourg, dans une famille issue de la noblesse polonaise.

Rendons hommage en ce jour, avec tous les Pétersbourgeois, à ce grand homme, qui connu un passage par les cercles fouriéristes, mais qui tout au long de son oeuvre montre bien que la plongé trop rapide de la Russie dans une société démocratique engendre des clivages et des conflits beaucoup plus violent qu'ils ne l'étaient par le passé. En effet, une grande part d'angoisse pris pied dans la société du fait de  la nouvelle importance du libre-arbitre et également de l'égalitarisation devant le droit mais n'abolissant pas les privilèges de naissance, d'où de fortes désillusions.

De plus, il « a deviné les tendances de la vie sociale des gens et a su prévoir des cataclysmes dont fut riche l'histoire du XXesiècle », a indiqué la directrice du musée littéraire Dostoïevski de Saint Petersbourg, Natalia Achimbaïeva.2

C'est au grand romancier, au mystique, qui s'interrogeait sur l'existence de Dieu que nous voulons rendre hommage, mais laissons au grand maître le soin de conclure en nous faisons une leçon :

 

 

« - Mais alors, que deviendra l'homme, sans Dieu et sans immortalité ? Tout est permis, par conséquent, tout est licite ? »3

 

 

__________________

1 L'Idiot,Chapitre VIII

3 Les Frères Karamazov, Chapitre XI,IV: L'hymne et le secret.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires